La mobilisation : le 2 août 1914, la seconde section de cerfs-volants part dès 7 heures de la Ménagerie à Versailles pour se rendre à Belfort, sous le commandement du Lieutenant Chollet, auparavant adjoint du Capitaine Saconney. Sur la demande de J. Saconney, cette compagnie est équipée d’un ballon de 540m3 et de 20 cerfs-volants, dix pour vent léger, dix pour vent fort.
Pour se rendre à son point d’affectation, elle passe par Choisy-le-Roi, Brie-Comte-Robert, Nangis, Nogent-sur-Seine, Troyes, Juzennecourt, Chaumont, Bourbonne-les-Bains, Vauvilliers, pour arriver le lundi 3 août au Fort Hardy à Belfort. Le lendemain, changement de casernement pour la Villa des Roses, rue de la route d’Offemont à Belfort.
Jusqu’au 8 septembre la compagnie reste sur le Territoire de Belfort, sans objectif précis. Le 9 septembre, la section de cerfs-volants est rattachée à la 23ème compagnie d’aérostiers. Cette compagnie est affectée au Fort Félon, à 15 kilomètres de Belfort et à proximité de la frontière allemande.
Les archives de la 23e compagnie d’aérostiers ne commençant qu’à compter du 1er novembre 1914, nous allons suivre ce mois de septembre à travers les écrits de Félix Peaucou. Ce dernier, dans ses mémoires, relate jour après jour sa vie sur le front. Ce récit a été possible grâce à M. A. Tisserant, petit-fils de Félix Peaucou
- Le 11 septembre 1914, se trouvant sur la région de Félon Félix Peaucou déclare : « Après le déjeuner le vent soufflant assez fort, nous faisons une manœuvre de cerf-volant, à moitié réussie seulement ». Il fait la première ascension à titre de photographe de la section. Le mercredi 16 septembre, une manœuvre de cerf-volant est faite, non réussie le vent faiblissant.
- Le vendredi 18 septembre 1914, plusieurs belles ascensions sont réussies jusqu’à 200 m de hauteur. Félix Peaucou fera une ascension à 80 m pour prendre des photos de Fort Félon.
Le 22 septembre la section de cerf-volant quitte le Fort Félon pour retourner à Belfort. Le 23 septembre, elle quitte Belfort et la 23ème compagnie pour se rendre à Epinal, où elle va cantonner dans le port d’attache à proximité du hangar du dirigeable Le Fleurus.
Le 30 septembre 1914, elle part pour Toul, puis pour Gironville se situant au nord de Toul, à la disposition de l’artillerie de la 1ère armée et du 8ème Corps d’Armée.
- Le jeudi 8 octobre 1914, Félix Peaucou nous signale que dans la matinée il est essayé à plusieurs reprises l’envol du train de cerfs-volants, mais des rafales de vent font qu’il chute chaque fois, sans gravité. Mardi 13 octobre 1914, malgré un vent avec des courants contraires, on tente de lancer le train de cerfs-volants en vain.
- Le vendredi 13 novembre 1914, de 14 heures à 16 heures, lancement d’un train de cinq cerfs-volants et plusieurs tentatives d’élévations seront faites, la plus haute n’excédant pas 60 m, l’une par le Lieutenant Bouchez, le temps brumeux ne permet pas d’observation.
- Dimanche 15 novembre 1914, temps est à peu près clair, à 11 h un train de cinq cerfs-volants est lancé sur 1100 m de câbles. À 12 heures, l’ascension du Lieutenant Bouchez à 150 m est interrompue par une bourrasque de neige. À 14 heures, deuxième lancement d’un train de trois cerfs-volants et c’est Donzella qui sera l’observateur à 250 d’altitude. A ce moment, le vent est entre 20 et 25 m/s. Lors de la descente, quatre cerfs-volants sont endommagés. L’ascension a été interrompue à la suite d’une tempête de pluie et de grêle. Le 16 novembre, les maîtres ouvriers de la compagnie procéderont à la réparation des cerfs-volants endommagés la veille.
- Le 17 novembre 1914, tentative de lancement des cerfs-volants. Félix Peaucou mentionne dans ses carnets que, ce jour-là, il est fait l’envoi d’un train de cerfs-volants puis, par la suite, de cerfs-volants plus grands, ce qui laisse à penser que la compagnie est équipée de cerfs-volants probablement issus de 1909, utilisés par la suite sur l’Edgar Quinet, qui étaient de taille plus réduite. Entre 1909 et 1914, plusieurs modèles ont été construits et expérimentés par le Capitaine Saconney, les plus grands ayant été construits à partir de 1912.
- Mercredi 18 novembre 1914, malgré un vent capricieux, on tente de lancer des cerfs-volants. Dans le journal de marche de l’artillerie lourde du 31ème Corps d’Armée, dont dépend la compagnie d’aérostiers, on peut lire le message passé par le Général Commandant ce Corps d’Armée qui dit . « Bien précisez à l’observateur en avion ou en ballon sa mission (observation d’une région plus ou moins bien connue déjà, contrôle et réglage du tir) ; Ce message indique également. « Tirer sur les batteries ennemies que lorsqu’elles tirent également, tirer sur les camps ennemis signalés à l’heure des repas, ne pas tirer sur les batteries très éloignées. »
- Vendredi 20 novembre 1914, avec un vent Nord /Est de 15 m/s, il est procédé à l’envoi d’un train de quatre cerfs-volants et plusieurs ascensions seront faites, dont l’une à 400 m avec par Donzella. Dans la matinée, c’est le Lieutenant Meunier et l’adjudant Bertrand qui ascensionnent. Il est à noter que, dans la matinée, l’État-major de la Première Armée est venu visiter la compagnie pendant l’une de ses ascensions.
- Dimanche 22 novembre 1914. : Vent d’Est de 10 à 12 mètres/seconde. Une ascension en cerf-volant est effectuée mais l’observation reste impossible à cause de la brume.
- 30 novembre 1914 : Vent du Sud de 12 à 15 m et le matin une ascension est faite à 300 par le Sergent Haeberlin Marie, durant 1/2 heure ; l’après-midi, une seconde ascension est faite à 500 m, avec comme observateur Donzella. Le temps est clair temps clair, mais avec un vent irrégulier, et l’observation devient possible.
- 1er décembre : tentative d’envol de cerfs-volants, vent violent et irrégulier.
- 2 décembre : essais infructueux de lancement de cerfs-volants, vent à terre.
- 24 décembre : six ascensions à 300 et à 500 m pour prises de photographies, aucune observation intéressante à signaler. Elles se déroulent comme suit : Première ascension au point fixe par le Lieutenant Bouchez à 250 mètres durant 35 minutes, il procède à l’observation générale du champ de bataille ; deuxième ascension effectuée par le soldat Peaucou à 280 mètres pendant 20 minutes, il procède à des prises photographiques de la région de Saint-Mihiel mais le manque de clarté empêche la réussite des photos ; troisième ascension avec le Lieutenant Meunier du 37e d’artillerie pour régler le tir de sa batterie, le vent faiblissant au cours de l’ascension, il est ramené à terre ; quatrième ascension faite par l’Adjudant Bertrand à 200 m pendant 35 minutes ; cinquième ascension faite à nouveau par le Lieutenant Meunier à 200 m pendant 20 minutes.
- 6 décembre 1914, essais infructueux de lancement de cerfs-volants. Le 8 décembre, le Capitaine, Directeur de l’Aéronautique de la 1ère Armée, adresse un rapport au Directeur du Service Aéronautique du Grand Quartier Général, dans lequel il constate que l’usage des cerfs-volants est, par le nombre d’ascensions, d’un rendement assez faible et que la manœuvre délicate de ces engins demande des officiers très expérimentés, dont la formation peut par suite être longue. Il écrit que les observations sont difficiles à cause de l’étroitesse de la nacelle, qur le vent violent et les oscillations continuelles empêchent les observations à la jumelle. Il finit par : « il est possible que, soumis à un entraînement régulier, un observateur puisse arriver à de meilleurs résultats, mais on a déjà tant de peine à trouver des observateurs pour les ballons captifs que l’on se heurtera de ce côté à des difficultés hors de proportions avec les résultats à prévoir ».Il est déjà possible de voir que les détracteurs de l’usage du cerf-volant dans l’armée, aux fins d’observation, sont déjà à l’œuvre.
- 10 décembre 1914, le vent souffle très fort en rafales et des nuages noirs sont très bas, mais on lance le train de cerfs-volants, qui disparaît rapidement dans les nuages. Malgré cela, Donzella est élevé à 450 m pendant 1 h 10, quatre ponts militaires sont visibles. En dépit des nuages, le caporal Donzella demande 100 m de câbles supplémentaires mais ne peut continuer suite à des éraflures endommageant le câble de la nacelle.
- 21 décembre 1914, le cantonnement est transféré à Dagonville et le ballon est campé entre Dagonville et Mesnil. Le 27 décembre 1914 après-midi, le lancement du train de cerfs.-volants est un échec. Le 31 décembre à 14 heures, un essai de lancement des cerfs-volants est arrêté par la pluie. Le 1er janvier 1915, en soirée, a lieu une ascension à 100 m avec vent irrégulier, remous et pluie. Le 4 janvier 1915, un essai de manœuvre avec les cerfs-volants est interrompu par la pluie.
Le 18 janvier 1915, la compagnie d’aérostiers retourne à Chalais-Meudon et, du 19 janvier au 5 février 1915, elle stationne à Saint-Cyr.
Les 6 et 7 février 1915, elle se transfère de Saint-Cyr à Olhain, aux ordres de la 10ème Armée.
- 8 février 1915 : le matin lancement d’un train constitué de 6 appareils , première ascension faite par Peaucou, mais à très faible hauteur, puis ascension de Tourtay qui est ramené au sol rapidement à cause du balancement des cerfs-volants remorqueurs. Dans l’après-midi ascensions effectuées en cerf-volant par le sergent Tourtay durant 3 heures à 400mètresde hauteur, avec la découverte d’une batterie allemande et le réglage d’une batterie de 155 L sur cette dernière.
- Le 9 février, matin ascension de Tourtay en cerfs-volants ; Peaucou nous dit dans ses écrits « Tourtay monte porter par trois appareils au train principal, mais comme cette ascension est faite au point fixe, à mesure qu’on lâche du câble, le train ne semble pas vouloir prendre de la hauteur ont très peu, ce qui explique le passage du train dans une zone de vent moins fort. Simultanément, Tourtay est redescendu au bout d’un instant après une visite du commandant V.(Jacques Saconney), toujours avec trois appareils puis redescendus pour ajouter un quatrième appareil au train. Tourtay remonte une dernière fois et reste environ une heure en l’air entre 11 heures et midi. « une nouvelle fois, la pluie interrompt dans la matinée une ascension en cerf-volant. Il en est de même le 13 février 1915. Par contre, le 15 février, dans l’après-midi, une ascension de deux heures du sergent Tourtay, à 450 m, permet de découvrir plusieurs lueurs indiquant des tirs mais l’observation est rendue difficile par la brume.
- Les 17 février lancement d’un train de trois appareils fournissant un angle de 50°. Le vent est bon et régulier, l’observateur monte mais sans rester longtemps en l’air, à cause de la brume et de la pluie.
- Le 18 février, des ascensions en cerfs-volants sont effectuées, mais les circonstances atmosphériques rendent l’observation impossible à cause de la pluie, de nuages bas et de la brume.
- Le 19, levées de cerfs-volants pour les stagiaires qui repartent le soir même dans leurs unités Des circonstances climatiques empêchent, le 20 février 1915, qu’une ascension à 700 m permette une possible observation.
- 20 février 1915, selon les écrits de Félix Peaucou, les cerfs-volistes restent au château, les uns pour nettoyer le câble et les autres pour effectuer les réparations les plus urgentes sur les appareils.A compter du 25 février, les aérostiers cerf-volistes qui ne s’occupaient que des cerfs-volants seront également de corvées pour le ballon.
- Le 26 février 1915, alors que la compagnie est stationnée au Moulin de Bouvigny, elle est prise sous le feu de trois batteries allemandes. Pour ce fait, elle est citée à l’ordre du 21ème Corps d’Armée (ordre général n° 44 du 13 avril 1915. Le 28 février 1915 : découverte par cerfs-volants d’une batterie allemande de gros calibre et réglage des tirs sur cette batterie.
- Le 28 essais à plusieurs reprises de levées de cerfs-volants sans résultat, sauf que beaucoup de matériel sera cassé.
- Au cours de cette dernière quinzaine, l’instruction des stagiaires cerfs-volistes de la 37ème et de la 21ème compagnie d’aérostiers a été poursuivie et achevée. Les hommes rejoignent leurs unités et sont remplacés par les stagiaires de la 40ème et de la 27ème dont l’instruction commencera le 1er mars.
- Ce jour-là, visite du Capitaine Saconney à la compagnie, tentative d’envol de cerfs-volants dans la matinée, en vain et suite à une fausse manœuvre, plusieurs appareils sont brisés.
- Le 2 mars, un incident de treuil endommageant le câble fera que les cerfs-volants mis en l’air peu de temps avant seront obligés de descendre. Dans l’après-midi il sera procédé au changement des olives sur le dit-câble.
- 3 mars, en début d’après-midi, lancement de deux appareils qui disparaissent dans les nuages à 150mètres d’altitude, le vent étant également de la partie, aucune ascension n’est faite.
- Jeudi 4 mars 1915, Les cerfs-volistes en camions rejoignent leur terrain d’opérations habituel. On parvient à lancer un train qui est bientôt constitué de six appareils. Il tient bien mais ne porte pas.
- Lundi 8 mars, levée du train de cerfs-volants mais la traction est telle qu’il n’y aura pas d’ascension. Les appareils restent toute la journée en l’air.
Le 9 mars 1915, le Lieutenant Léon Chollet est remplacé à son poste par le Lieutenant Fauré.
- Samedi 13 mars, dans l’après-midi ascension en cerfs-volants.
- Les 19, 22, 27, 28 et 29 mars, des ascensions en cerfs-volants ont lieu, mais l’irrégularité du vent empêche de faire des observations.
Le 1er avril 1915, changement de coin, la compagnie se transporte à Gouves à l’ouest d’Arras.
- Vendredi 9 avril 1915, selon les écrits de Félix Peaucou, « Dans le cours de leurs manœuvres s’étant approchés jusqu’au champ de course d’Arras, les cerfs-volistes se font sérieusement bombardés ».
- 23 avril 1915 manœuvres de cerfs-volants sans résultat.
- Le 24 avril 1915, le Sergent Brillaud élevé en cerf-volant repère les tranchées et ouvrages de la Targette. La durée de l’élévation est d’environ 20 minutes.
- Dimanche 25 avril 1915.Vent. Brouillard, le matin. Cerf-volant.
- 9 mai 1915, envol du train de cerfs-volants avec observation selon les écrits de Félix Peaucou.
- Le 23 mai 1915, la brume rend impossible une observation par le même Brillaud.
- Le 13 juin et 14 juin 1915, le lancement d’un train de cerfs-volants est sans résultat.
- 12 juillet 1915, sur instructions du Capitaine Saconney, Chef des compagnies d’aérostiers de la 10ème Armée, une tentative de lancement de cerfs-volants a lieu, mais le vent trop faible ne permet pas de faire d’observation car le train de cerfs-volants ne peut tenir en l’air que grâce à l’emploi du moteur du treuil. La compagnie stationne sur la commune d’Ecoivres, dans le chemin creux de la côte 111.
- Alors que la compagnie se trouve entre le village de Bray et la côte 105, un nouvel essai est fait le 22 juillet 1915 avec 5 appareils, mais un vent irrégulier de 10 à 12m/s ne permet pas de maintenir le train en l’air.
- Durant cette période, que les observations soient faites en ballon ou en cerfs-volants, elles sont surtout dirigées sur Le Labyrinthe, le Cabaret Rouge, Souchez, les tranchées au S/E de Neuville, là où se trouvent des batteries allemandes tirant sur les premières lignes françaises.
- Du 1er au 18 décembre 1915, la compagnie utilise un treuil Caquot ne permettant pas la manœuvre des cerfs-volants.
- Le 14 décembre 1915, de 14h à 16h00, on procède à l’envoi d’un train de cerfs-volants : le Sergent Brillaud de la Lagardière ascensionne à 500m, mais la brume et le manque d’activité du côté allemand ne permettent pas d’observation concrète.
- Le 19 décembre 1915, les cerfs-volants sont lancés mais, en raison de l’irrégularité du vent, la nacelle ne peut être maintenue en l’air et on constate des différences de traction sur le câble entre les coups de vent. Ces différences de traction donneront le même résultat, le 8 janvier 1915. De même, l’irrégularité du vent ne permet pas de procéder à une quelconque observation, le 10 février 1916, entre 10 et 13 heures.
A compter du 15 mars 1916, la compagnie quitte le champ de bataille du Nord pour se rendre sur la région de Reims. Pour cette compagnie, il ne sera plus fait mention de cerfs-volants.

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train de cerfs-volants |

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dépmlacement de la compagnie |
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treuil à vapeur |
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chute du train de cerfs-volants |
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emplacement des batteries allemande sur Thelus |
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Ballon chassé par un avion |
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Ballon cerf volant |
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treuil vapeur |
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préparation du cerf-volant |
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carte de la région de carency |
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observateur |
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